Chloé Girardot-Moitié, co-présidente du groupe écologiste, ouvrait ces deux jours d’assemblée par un bilan de nos deux premières années d’exercice au Département en saluant l’action de deux maillons essentiels de notre territoire: nos élu.e.s et nos agents départementaux
Monsieur le président, chers collègues, cela fait maintenant deux ans que nous siégeons ensemble dans cet hémicycle. Le groupe écologiste, au nom de qui je prends la parole, est composé d’élu-es qui découvraient toutes et tous les couloirs de l’institution départementale en 2021. C’est pourquoi nous voulions nous saisir de cette occasion pour partager avec vous quelques constats sur le fonctionnement et l’action du conseil départemental.
Je ne serais pas exhaustive mais je tenais à évoquer deux éléments marquants de l’action départementale, tous deux particulièrement affectés par le désengagement de l’Etat :
Le premier élément, et celui qui caractérise avant tout cette « maison » si je puis dire, c’est l’attention apportée à chaque territoire, dans sa richesse et ses spécificités. Je sais que le sentiment de relégation peut être fort pour les habitants éloignés des centres urbains, mais pourtant. Le Département, c’est un appui considérable pour l’ensemble des communes, surtout les moins grandes et surtout les moins riches.
Un appui technique, financier et politique qui permet bien souvent aux élus locaux de mener les projets structurants de leur mandat et d’avoir les ressources nécessaires pour engager la transition écologique. Il n’y a pas un jour sans que l’on ne croise d’élus municipaux confrontés à des pressions de toutes part, de l’Etat, de leurs administrés, des acteurs économiques, ils et elles défendent l’intérêt général, souvent sans moyens, la plupart du temps sans indemnité suffisante. Et ils et elles sont, comme toutes les personnes incarnant l’Etat ou les services publics en première ligne des tensions qui traversent la société.
Tensions qu’ils et elles subissent parfois directement quand elles se transforment en violences à leur encontre, comme en témoigne l’actualité, comme vous en avez déjà parlé M. le président. J’adresse à nouveau mon soutien et celui de mon groupe à M. Amailland, parmi nous mais également à Madame Blanchet, à Madame Pacaud et bien entendu à M. Morez et à toutes celles et ceux qui subissent des menaces ou des attaques.
Rien n’est nouveau, mais tout s’aggrave : l’Etat reste toujours aussi sourd au cri d’alarme des élus locaux, il reste aveugle aux démissions, aux difficultés à renouveler les conseils municipaux, à l’incohérence manifeste entre les règles à appliquer, les populations à soutenir, les villes et villages à transformer et les ressources toujours plus rares et centralisées quand elles ne mettent pas carrément les territoires en compétition entre eux.
Dans ce contexte, je salue le courage et l’engagement des femmes et des hommes qui agissent pour leur commune, pour le bien public. Et je constate que le Département est avec elles et eux, avec les contrats intercommunaux qui ont tous été signés désormais, avec le déploiement des dispositifs cœur de ville et cœur de bourg, avec les appuis d’opérateurs départementaux tels que LAD, le CAUE, Habitat 44, l’EPF ou encore à travers les politiques culturelles et sportives. La situation est difficile mais nous tenons bon, sinon réunis par nos convictions politiques, au moins par notre engagement et notre volonté de maintenir une action publique juste, à la hauteur des besoins, qui s’appuie sur l’esprit d’initiative de la population.
L’autre élément qui m’a marquée au cours de ces deux années de mandat, c’est la situation rencontrée par les personnes exerçant les métiers qu’on a commencé à appeler « de première ligne » à partir de 2020. Moniteur éducateur, auxiliaire de puériculture, travailleurs et travailleuses sociales, AES (accompagnant éducatif et social), assistants familiaux, AVDH (assistant de vie dépendance et handicap), éduc’ spé, ASMS (agent de service médico-social), AVS… Métiers essentiels sans lesquels la capacité à prendre soin des plus fragiles serait renvoyé à la fortune ou l’infortune personnelle et familiale.
Métiers « en tension » comme on dit, qui ont beaucoup donné et trop peu reçu. Oui, les demandes d’extension de la prime Ségur ont été et sont légitimes ! Oui les effectifs demeurent insuffisants, oui les conditions de travail doivent être améliorées. Je connais le travail que mènent Claire, Lyliane, Ombeline, Farida, Bertrand, Nicolas à ce sujet, avec le solide appui du président.
Cette décision modificative est encore une fois l’occasion de constater que cet engagement n’est pas personnel mais collectif puisqu’il concerne l’ensemble de l’assemblée départementale. Nous le disons : les dépenses publiques de fonctionnement sont de manière générale insuffisantes pour assurer les missions de solidarité et de protection des plus vulnérables que l’état a confiée aux départements.
En deux ans, nous avons déjà procédé à plusieurs ajustements budgétaires, vu l’ouverture du nouveau CDEF, entériné deux et bientôt trois schémas d’orientation, qui tiennent ensemble les urgences du jour et les évolutions à venir.
Au travers ces deux points sur lesquels j’ai voulu mettre l’accent aujourd’hui, on ne peut que constater avec une immense frustration le manque de soutien voire l’absence de l’Etat :
L’Etat qui n’est pas à la hauteur sur le front du climat et du vivant,
L’Etat qui n’est pas à la hauteur sur la question de la pauvreté, du logement, de l’enfance, de la vieillesse, du handicap et j’en passe.
Qui n’est à pas à la hauteur non plus face au délabrement des services publics de l’éducation, la santé, la culture.
Pas à la hauteur sur la défense des valeurs de liberté, d’égalité, et de fraternité, de l’ensemble des libertés publiques et de la séparation des pouvoirs.
Dans l’inquiétude, et malgré parfois de la colère ou de la frustration, nous nous retroussons les manches pour mettre en œuvre notre projet stratégique : notre majorité est cohérente, structurée, les projets sont sur les rails ou en passe de l’être.
Nous préparons les efforts budgétaires de manière collective, solidaire. Nous faisons tout notre possible pour que le Département exerce au mieux ses missions.
Nous nous efforçons d’offrir aux plus pauvres, aux plus exclus l’accompagnement social que la société leur doit, nous allons chercher les jeunes sans ressources pour que personne ne soit abandonné, nous protégeons les terres agricoles et les espaces naturels, pour garantir un avenir aux travailleurs de la terre et aux personnes qui l’habitent.
C’est un défi quotidien, mais qui se relève avec bonheur quand on fait partie d’une équipe aussi engagée.
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