top of page
  • Photo du rédacteurChloé Giradot-Moitié

Nos institutions doivent se saisir des violences physiques et sexuelles faites aux enfants !

Session budgétaire 25 mars 2024


Myriam, je veux saluer ton engagement infatigable sur le sujet abordé par le rapport que tu viens de présenter, celui des violences faites aux femmes.

  

Le rapport insiste bien sûr sur la mise à l’abri et le soutien concret aux femmes victimes de violence. Mais il accorde une large place à la question des enfants, co-victimes des violences infligées à leur mère. 


Le département soutient des dispositifs innovants visant à une prise en charge psychologique et éducative spécifique pour les enfants de familles détruites par la violence d’un parent.  

Il évoque aussi la question de la prostitution des mineurs dont le développement inquiète toutes les personnes qui travaillent auprès d’enfants et qui touche bien sûr en majorité les plus vulnérables. C’est un sujet qui est identifié à tous les étages de l’aide sociale à l’enfance et fait l’objet d’une mobilisation claire des services du département.  


Je voudrais ici prendre un instant pour aborder plus particulièrement la question des violences physiques et sexuelles commises par des adultes sur les enfants. Parce que ce sujet a fait et fait toujours l’objet d’un déni et que l’évoquer dans nos institutions peut contribuer aux changements et à la prise de conscience en cours. 




En effet, en prolongement de la prise de conscience du caractère massif des violences faites aux femmes, on regarde de plus en plus celles que subissent les enfants.   

La plupart du temps incestueuses, ces agressions sont encore considérées à travers un imaginaire daté, celui du pervers en imperméable qui distribue des bonbons à la sortie des classes, celui du serial killer.  

La pédocriminalité y compris incestueuse est un sujet qui a longtemps été ignoré, fait l’objet d’un déni.

Mais, c’est une bonne chose, c’est un sujet qui commence à poindre dans le débat public :   

  • C’est notamment le rapport Sauvé rendu en octobre 2021 qui   qui estime que depuis 70 ans + de 330 000 mineurs auraient été victimes d’abus sexuels dans l’Église 

  • C’est plus récemment et La Ciivise (commission indépendante sur l’inceste et les violences sexuelles faites aux enfants) piloté le juge Édouard Durand qui a recueilli plus de 30k témoignages et a estimé que 160 000 enfants sont victimes chaque année de violences sexuelles. 


La littérature fait aussi office de vigie avec les publications du Consentement de Vanessa Springora et de la Familia grande de Camille Kouchner il y a quelques années, de Triste tigre de Neige Sinno plus récemment. L’œuvre d’une vie écrite et filmée par Christine Angot, le combat enclenché par Judith Godrèche il y a quelques mois et tant d’autres témoignages que je ne vais pas énumérer et qui cherchent à faire comprendre à la société qu’il ne s’agit pas, pas seulement, de se mettre à l’écart des monstres, mais bien d’ouvrir les portes des placards aux secrets.  


Il s’agit de briser le pouvoir, la domination sexuelle que s’arrogent des adultes, en général des hommes, sur les corps et les esprits des enfants. 

La protection des enfants contre le viol et les atteintes sexuelles a donc connu des progrès récents, d’abord dans la prise de conscience mais aussi avec des actions concrètes comme le principe de non-consentement pour les mineurs de 15 ans.

Il doit beaucoup à des femmes, élues, militantes, directement concernées ou pas, qui luttent sans relâche contre le système patriarcal et sont souvent vilipendées pour cela même. 

Ces progrès sont aussi ceux menés par nos institutions en matière de prévention, d’éducation et d’accès aux soin. Ce sont les actions du département qui répond complètement à ses missions de protection et de soutien lorsqu’il se mobilise en prévention et auprès des personnes victimes de violences patriarcales.  


C’est notamment un travail mené : 


  • Dans l’ensemble des services sociaux dont la PMI ou la formation des assistantes maternelles, qui peuvent prévenir et détecter 

  • Auprès des collégiennes et collégiens pour protéger les victimes et leur venir en aide, dans la mesure de nos compétences et en attendant que l’état se décide à financer un service de médecine scolaire à la hauteur des besoins 

  • À travers l’observatoire départemental des violences faites aux femmes 

  • Avec le dispositif d’accueil et de protection des mères et des enfants co-victimes 

  • Via l’ASE bien sûr qui s’occupe des enfants victimes retirées à la garde de leurs parents et qui doit aussi protéger les enfants des proxénètes et des pédocriminels. Je profite d’ailleurs de cette intervention pour faire part de mon immense respect et de mon admiration pour les professionnel·les en charge du traitement des informations préoccupantes. Leur travail comme celui de toute la protection de l’enfance est salutaire même s’il leur impose de se confronter à l’atrocité. 


Je conclurais cette intervention par cette citation d’Edouard Durand : 


"Il n'y a pas beaucoup de possibilités, il n'y en a que deux : quand une petite fille ou un petit garçon, une adolescente ou un adolescent, ou une femme adulte ou un homme adulte se dit victime de violences sexuelles soit on le protège soit on le le protège pas. Si on ne le protège pas c'est qu'on ne le croit pas. Coire la personne qui dénonce des violences. Voilà ce qu'il faut faire.  

Non pas croire comme un acte de foi, on ne va tout de même pas faire comme si on ne savait pas qu'il y a plusieurs registres dans l'acte de croire. Croire au sens où il faut prendre au sérieux la parole de la personne qui, quel que soit son âge ou son sexe, révèle avoir été victime de violences sexuelles. Il faut prendre la parole au sérieux, la tenir pour vraie et agir en conséquence. Il n'y a absolument aucune autre manière de lutter contre l'impunité des agresseurs.” 


Je vous remercie toutes et tous pour votre écoute 

bottom of page