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  • Photo du rédacteurUgo Bessière

La santé psychique ne doit pas rester un mirage dans le désert

Ugo Bessière dresse un constat alarmant: Aujourd’hui, une personne sur cinq est touchée par un trouble psychique, et la moitié de nos adolescents. Mais les moyens ne suivent pas, et s’amenuisent même au fur et à mesure que le temps passe




Ce vœu sur les déserts médicaux me permet de mettre en lumière un des grands oubliés de notre République : les soins en santé psychique et plus particulièrement la psychiatrie, et je voudrai si vous le voulez bien y revenir

L’histoire allait dans le bon sens : l’organisation en secteurs de proximité dès les années 60 et la déstigmatisation du « mythe du fou » avaient permis à de plus en plus de nos concitoyens de pousser la porte du psy ;

Mais le covid a vite révélé les failles de notre système :

  • Qui ne connait pas quelqu’un de son entourage en difficulté ? 1 français sur 5 est touché par un trouble psychique, c’est la moitié de nos ados qui affirment souffrir de symptômes d’anxiété ou de dépression

  • En cette période de mobilisation sur le sens du travail, soulignons que ces troubles sont le 2eme facteur d’arrêts maladie

Vous avez récemment, M. le Président, signé une tribune dénonçant le manque de moyens spécialisés en psychiatrie, obligeant l’ASE à traiter de cas qui ne relèvent pas de sa compétence En vérité, notre système n’a pas été réformé depuis ces années 60, et voici quelques exemples parmi d’autres de l’état de tension dans lequel nous sommes :

  • en 30 ans, 60% des lits en psychiatrie ont fermé, le nombre de psychiatres n’a pas bougé et 30% des postes ne sont pas pourvus

  • dans les CMP, ce sont des délais d’attente allant de plusieurs mois à plus d’un an pour espérer avoir premier rendez-vous

  • Des professionnels en souffrance, qui n’ont parfois d’autre choix que de trier les enfants par ordre de priorité, comme on l’a vu récemment dans le 93

  • Un parcours du combattant pour les patients et les familles qui, avant de trouver un point de chute, ont largement le temps de rester isolés dans leur souffrance...

Alors, le législateur s’est mobilisé, il y a eu des rapports d’alertes, j’en ai compté une douzaine… Les 800 postes supplémentaires annoncés et les 30 mesures des assises de la santé mentale ne suffiront pas à couvrir les besoins des 4 000 structures

C’est en profondeur qu’il nous faut agir, par une refonte structurelle, et faire avec la psychiatrie ce que nous avons fait avec le cancer il y a 20 ans : passer d’un sujet tabou, déstructuré, à un vrai plan d’envergure

Un plan qui tienne compte comme le recommande l’OMS de l’environnement dans lequel évoluent les patients :

  • plus nos villes seront pensées pour les dérèglements écologiques, plus elles sauront tenir compte des plus fragiles d’entre nous

  • Nous devons également agir sur des solutions qui favorisent le lien social : l’hospitalisation pour les états de crise, et les solutions d’entraide pour accompagner la sortie. Nous avons sur le territoire le club house, un groupement d’entraide mutuel dont l’approche communautaire est la véritable membrane qui soutient les patients

Vous l’aurez compris, dans cette réflexion sur les déserts médicaux, nous militons pour que la santé psychique prenne une place toute particulière, voire prioritaire,

C’est le premier poste de dépenses de l’assurance-maladie, devant les maladies cardio-vasculaires ou les cancers : dans ce désert médical, la santé psychique ne doit pas, passez-moi l’expression, rester un mirage !









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