Cette journée, qui a réuni 200 personnes en présentiel et distanciel, marque le lancement d’une nouvelle étape dans la démarche de renouvellement de l’engagement en direction des personnes en situation de handicap. Cela a été l’occasion d’échanger et de réfléchir avec vous sur les grandes orientations qui seront à mener dans les cinq prochaines années.
Introduction d’Ombeline ACCARION, Vice-présidente au handicap et autonomie au Département de Loire-Atlantique.
"En tant que professeure des écoles, j’apprécie les théories de M. Vygotski sur la zone maximale de développement : on prend chaque élève là où il est, et petit à petit, on l’emmène un peu plus loin. Je pense que c’est une façon de faire qu’on peut mettre un peu partout. En allant trop vite, on va mettre les enfants en difficulté alors que, si on prend les choses accessibles et progressives, il y a un moment où, on le voit, l’enfant s’épanouit et dépasse toutes les espérances. C’est vraiment une approche que j’aime beaucoup. Et du coup, je vais vous proposer de commencer par un bilan rapide des cinq dernières années puisque le Conseil départemental de Loire-Atlantique a tracé sa propre voie en augmentant l’offre tout en la diversifiant, en partant d’une première étape qui était d’identifier précisément les besoins.
La première chose qu’a fait le Département avec ces nouvelles directives, ça a été de créer l’observatoire du handicap pour savoir quels étaient nos besoins sur le terrain, et comme l’a dit Michel Ménard tout à l’heure, on est confronté à une forte croissance démographique, +17000 nouveaux habitants par an dont 7% seront statistiquement en situation de handicap, on a à côté de ça la bonne nouvelle de la hausse de la longévité des personnes en situation de handicap, qui nous amène de nouveaux questionnements qui sont le vieillissement des personnes en situation de handicap mais aussi un enrayement de la situation parce qu’il n’y a plus de « turn over » au sein des établissements, c’est-à-dire que les jeunes qui arrivent et qui ont besoin de place n’en trouvent pas forcément parce qu’on ne peut pas dire à une personne de 40 ou 50 ans : sors de ce foyer pour laisser de la place aux jeunes, donc on amplifie un problème de place et de solution, et à côté de ça, on a également tout un travail sur la connaissance et l’accès aux droits avec, pour donner quelques chiffres, entre 2010 et 2020, le fait qu’on est passé de 50 000 personnes ayant des droits ouverts à la MDPH à plus de 100 000 en seulement dix ans. Donc, ce n’est pas 50 000 personnes qui ont eu subitement un nouveau handicap, on est confronté vraiment à une hausse des besoins, des domaines dans toutes les directions. Ça s’est traduit par une action volontariste d’augmentation et de diversification de l’offre avec quelques logiques en œuvre.
Ce qui a été mis en place, d’abord, ça a été une idée d’équilibre et de graduation dans les mesures d’accompagnement, c’est-à-dire qu’on a cherché à développer de manière partenariale tous les dispositifs, même les plus lourds, c’est-à-dire que le 50/50 aujourd’hui entre l’hébergement et les services, ça n’est pas accessible en Loire-Atlantique, on est encore sur du 80/20 parce qu’on ne peut pas mettre les personnes du jour au lendemain, comme on l’a vu dans la table ronde précédente, les renvoyer à domicile sans accompagnement.
On a également travaillé sur la promotion d’une approche de type parcours, s’adapter, travailler sur le projet de vie, ce qui nécessite également, comme nous disaient les associations de Loire-Atlantique, le fait de travailler sur l’approche domiciliaire, et également le soutien aux aidants, puisque toutes les personnes en situation de handicap ne sont pas capables, et notamment les enfants, de remplir eux-mêmes les dossiers de la MDPH, d’aller se battre pour faire valoir leurs droits, de trouver des places. Donc, prendre soin des aidants, c’est aussi prendre soin des personnes.
Et également, donc, de l’innovation avec notamment un programme très volontariste depuis 2012 de travail autour de l’habitat inclusif, qui est un dispositif à cheval entre : on n’est pas sur du domicile, on n’est pas sur de l’établissement, mais l’idée, c’est de pouvoir proposer une offre qui permet aux jeunes ou aux moins jeunes d’aller vers l’autonomie tout en bénéficiant d’un accompagnement et d’une vie sociale aussi. Il s’agit de lutter contre l’isolement, parce que vivre à domicile si, derrière, on ne peut pas en sortir, ou si on n’a pas accès à la vie commune, on peut se retrouver tout seul chez soi et ça n’est pas non plus l’objectif des politiques départementales.
Tout cela, on l’a donc mis en place avec de la coordination, de la concertation, de la co-construction. Voilà, la journée d’aujourd’hui est une étape très importante dans le mandat qui se met en place. Avec donc une approche partenariale, avec à la fois les partenaires institutionnels, les partenaires associatifs, les usagers, les résidents et aussi, là, on va vraiment avoir aujourd’hui une approche centrée sur le médico-social, sur les établissements, sur les services, mais le Département a également une volonté de travailler dans tous les champs de la vie avec notamment beaucoup de choses au niveau du sport, du handisport, du sport adapté et de l’accès à la culture et de la culture pour tous. Voilà pour un bref horizon de ce qui s’est passé ces cinq dernières années avant d’entamer la réflexion sur les cinq prochaines."
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