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Photo du rédacteurLouise Pahun

Schéma régional de santé : sédentarité, la bombe à retardement sanitaire

Le 16 octobre 2023 le conseil départemental se prononçait contre le nouveau schéma régional de santé porté par l'ARS Pays de la Loire, en dénonçant le manque de moyens du service public de santé. Louise Pahun prend la parole pour le groupe écologiste en insistant sur les enjeux que représente la progression de la sédentarité.


Bonjour tout le monde, mes chers collèges, monsieur le directeur général de l’ARS,

Dans le projet régional de santé que vous nous présentez, il n’est pas question d’un phénomène social qui est qualifié de bombe à retardement sanitaire par de nombreux acteurs de la santé public comme l’ONAPS (l’observatoire national de l’activité physique et de la sédentarité) ou l’Anses (l’Agence nationale de sécurité sanitaire alimentaire nationale). Cette bombe à retardement, c’est la crise de la sédentarité !

La sédentarité, c'est, le temps que l’on va passer assis, couché, ou plus globalement, le temps que l’on passe dans une posture statique. Et ce temps augmente très fortement partout dans la société et de manière très préoccupante chez les jeunes.


Vous vous souvenez de cette chanson qui évoquait l’apparition progressive de la sédentarité : « du lit à la fenêtre, puis du lit au fauteuil, et puis du lit au lit ? » Cette chanson concernait les anciens, les vieux, c’est d’ailleurs son titre. Elle pourrait tout aussi bien concerner aujourd'hui les jeunes qui bougent moins.

Or le manque d’activité a des conséquences graves sur la santé.

En effet, la sédentarité accroit les risques :

· De maladies chroniques

· De surpoids et/ou d’obésité

· De pathologie cardiovasculaires,

· De diabète

· De cancers

· De dépression

Je vous évoque 2 exemples que j’ai pu rencontrer sur le terrain en tant que vice-présidente chargée des sports dans cette collectivité :

L’exemple de Pierre Yves qui est professeur de mathématiques dans un collège à Guérande. Tous les ans, il amène une classe de 6e à la montagne pour des activités sportives. En 10 ans, il constate une dégradation forte des capacités respiratoires des élèves.

L’exemple de l’UFOLEP qui organise un tournoi de foot à Rezé. C’est un tournoi récurent, qui a lieu tous les ans et qui doit durer la journée, mais l’année dernière, à midi, les enfants sont « cramés » faute de capacité respiratoires suffisantes.

A quoi cette sédentarité est-elle dû ?

Il y a le temps passé devant les écrans, Qui est déjà un premier élément de réponse.

A deux ans, en France, le temps qu’un enfant passe devant les écrans chaque jour (télé, smartphone, tablette) c’est 56 minutes. A 11 ans quand les enfants arrivent au collège, c’est 3 heures d’écran au quotidien. 3 heures.

Une autre explication de cette crise de la sédentarité, c’est nos modes de déplacement et la diminution continue de la pratique de la marche. Nous avons aménagé des sociétés, en ville comme en ruralité, où la voiture est un incontournable. Elle est omniprésente.

Le réflexe qu’on prend de l’utiliser y compris pour de courtes distances entrainent une substitution des trajets à pied par des trajets motorisés.

Je proposerai encore un autre élément explicatif de cette crise de la sédentarité: c’est la disparition de la nature autour de nous, donc l’artificialisation, et oui ! Tout simplement, les espaces de nature ouverts se raréfient, se rapetissent. Simultanément, la proximité des enfants avec l’espace naturel s’atténue et la perte de cette proximité entraine la diminution de la pratique physique en plein air.

Et toutes les études scientifiques sur le sujet sont unanimes sur le fait que la sédentarisation qui frappe notre société était déjà bien installée avant la crise sanitaire mais que cette dernière a agi comme un accélérateur sur la sédentarité.


En termes de remédiation et de lutte contre la sédentarité, il est possible de présenter quelques pistes pour nos futures politiques de santé. J’aimerais en évoquer quelques-unes:

· En premier lieu bien entendu et pour ce qui concerne le curatif, la prise en charge financière des activités physiques et sportives lorsque celles-ci sont prescrites par un professionnel de santé. C’est le remboursement du sport sur ordonnance.

· Ensuite, les campagnes de sensibilisation à l’activité physique mériteraient de cibler tout particulièrement le public adolescent. Et je suis persuadée que nous ne faisons malheureusement pas encore assez pour rappeler aux parents les risques cognitifs auxquels sont exposés les enfants qui sont abreuvés de plusieurs heures d’écran par jour.

· Enfin, je peux encore évoquer le devoir de sensibiliser les élu-es des communes sur les enjeux concernant la piétonnisation des espaces publics, le renforcement de la marchabilité de nos quartiers et de nos bourgs, ou l’attention portée à l’appropriation sécurisée de l’espace public par les enfants

Ces pistes sont bien entendu complémentaires des nombreuses actions déjà entreprises par l’ensemble des acteurs pour favoriser la pratique de l’exercice physique qu’il s’agisse de la scolarité ou du temps libre par le financement d’éducateurs sportifs, d’équipement, ou autres politiques tarifaires incitatives.


J’en viens à conclure que, tout comme la démographie sur notre territoire, qui est vieillissante et qui a une conséquence sur la santé des habitants, le changement de nos comportements concernant la sédentarisation, est vraiment à intégrer dans les politiques de santé car il y a bien là une bombe à retardement sanitaire.

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